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TDAH et Burnout : Quand l'hyperactivité masque l'épuisement ©

"La gestion du stress n’est pas l’élimination des défis, mais la maîtrise de nos réponses face à eux."
— Hans Selye

Introduction : Deux réalités invisibles qui s'entrelacent 

On parle souvent du burnout dans les milieux professionnels ou scolaires, et du TDAH comme d’un trouble de l’attention présent dès l’enfance. Mais que se passe-t-il quand ces deux mondes se rencontrent ? De plus en plus de recherches montrent un lien fort entre TDAH (chez les adolescents comme chez les adultes) et un risque élevé de burnout, souvent mal identifié. Ce croisement mérite qu’on s’y arrête, car derrière la désorganisation, l’impulsivité ou l’agitation, peut se cacher un profond épuisement invisible, trop souvent interprété comme un manque d’effort ou une instabilité émotionnelle.

Pourquoi le TDAH augmente-t-il le risque de burnout ?

Le TDAH ne se limite pas à un manque d’attention. Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental qui impacte les fonctions exécutives du cerveau, c’est-à-dire la capacité à organiser, à planifier, à gérer les émotions, à initier une tâche et à rester concentré sur sa finalité. Ces fonctions sont essentielles pour s’adapter aux exigences du quotidien.

Chez les personnes atteintes de TDAH, ces fonctions sont affaiblies ou mobilisent beaucoup plus d’énergie. Réaliser une tâche banale peut devenir un effort considérable. Ce surmenage cognitif, souvent invisible, mène à une fatigue chronique, une perte de confiance et une usure progressive.

Des recherches menées par Barkley et Murphy (2020) montrent que les adultes atteints de TDAH ont jusqu’à trois fois plus de risque de vivre un burnout que les adultes sans TDAH. Chez les adolescents, la situation est également préoccupante : selon un rapport de la Clinique FOCUS (2020), les jeunes atteints de TDAH ont un taux de décrochage scolaire supérieur de 25 % à celui de leurs pairs. Ce décrochage peut être perçu comme de la désinvolture ou de la démotivation, alors qu’il s’agit souvent du résultat d’un stress chronique et d’un épuisement mal compris.

 Jeune femme Contempler

Burnout : un diagnostic souvent tardif chez les profils TDAH 

Le burnout ne survient pas brutalement.

Il s’installe lentement, nourri par une surcharge émotionnelle, des attentes irréalistes, un manque de reconnaissance et une inadéquation entre les capacités réelles et les exigences extérieures. Chez les personnes avec TDAH, ces éléments sont souvent présents dès l’adolescence et persistent à l’âge adulte.

Cependant, le diagnostic de burnout est souvent retardé, car ses symptômes se confondent avec ceux du TDAH. L’agitation, la désorganisation, les oublis ou l’irritabilité sont interprétés comme des signes typiques du trouble, alors qu’ils traduisent parfois un état d’épuisement avancé. L’hyperfocus (cette capacité à se concentrer intensément sur une tâche plaisante) peut masquer le surmenage. La procrastination, souvent critiquée, cache fréquemment une incapacité réelle à gérer la surcharge mentale. L’isolement, enfin, peut s’installer sans bruit.

À cela s’ajoute la culpabilité : ne pas être "à la hauteur", décevoir les autres, échouer à gérer ce que les autres semblent faire sans effort. Ce discours intérieur, omniprésent, alimente le processus d’épuisement.

Séance de thérapie

Comment prévenir le burnout quand on vit avec un TDAH ? 

La prévention est possible, à condition de prendre en compte les spécificités cognitives et émotionnelles des personnes concernées. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter des outils, mais d’adapter l’environnement, les rythmes et les attentes.

Mettre en place des routines stables, accompagnées d’outils concrets comme des listes simplifiées, des rappels visuels ou des découpages de tâches, permet de réduire la charge mentale. Ce sont des stratégies simples mais efficaces lorsqu’elles sont cohérentes avec le mode de fonctionnement du cerveau TDAH.

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La pleine conscience, pratiquée régulièrement, améliore l’attention et apaise la réactivité émotionnelle. Une étude de Zylowska et al. (2021) a montré que la méditation de pleine conscience diminue les symptômes de burnout chez les adultes atteints de TDAH.

Sur le plan thérapeutique, la thérapie cognitivo-comportementale reste une approche de référence. Elle permet d’identifier les schémas de pensée dysfonctionnels, de réajuster les exigences internes et d’apprendre à poser des limites réalistes. Elle favorise également une meilleure estime de soi, souvent fragilisée chez les profils TDAH.

Enfin, l’adaptation de l’environnement (que ce soit à l’école, à la maison ou au travail) est essentielle. Aménager les emplois du temps, clarifier les consignes, espacer les efforts et favoriser les pauses sont des leviers puissants pour prévenir le burnout.

Conclusion : Voir au-delà des symptômes pour agir en profondeur 

Le TDAH ne disparaît pas avec l’âge.

Il se transforme, se masque parfois mieux, mais continue d’influencer la manière dont une personne vit, pense, s’organise, interagit. Reconnaître que le TDAH peut mener au burnout, ce n’est pas alourdir le diagnostic : c’est ouvrir un chemin de compréhension et d’action.

Derrière l’agitation, il y a souvent une lutte invisible pour rester à flot. Derrière l’évitement, une peur de l’échec. Derrière l’hyperactivité, parfois, une immense fatigue.

Mieux comprendre cette réalité, c’est mieux accompagner.

Et, surtout, c’est permettre à chacun de retrouver un équilibre, durable et apaisé.

Virginie Blanc Klamm ©

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